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Vie juive
Mardi 1 novembre 2016 par
Publié dans Regards n°850
Il y a les Franco, les Hasson, les Alhadeff, les Israël, les Cohen, les Dahan... quelques grandes familles représentent presque à elles seules les Séfarades de Bruxelles. Une minorité dans la communauté, avec toutefois ses institutions propres et une vraie vie communautaire. En dépit du vide laissé par le décès de Moïse Rahmani, mémoire des Juifs de Rhodes et du Congo.
Lecture de la liste des noms des déportés juifs de Rhodes et de Cos, au Foyer, sept. 2016
© Romy Souery
Salomon Israël est né en 1939 au Congo, plus exactement à Elisabethville (Lubumbashi), où la communauté juive, dirigée par le Grand rabbin Moïse Levy, compte alors quelque 600 familles : comme ses parents, 80% des membres sont venus de Rhodes, à la recherche d’un travail et d’une vie meilleure. Santo Franco, lui aussi, est originaire de Rhodes. Son père est arrivé au Congo en 1923 et y a fait venir ses cinq frères et sœurs. Sa mère a fui la Turquie lors de la guerre civile, pour rejoindre Rhodes, et finalement épouser au Congo le fils de ses voisins ! Ces hommes et femmes se sont mariés, ont eu des enfants qu’ils ont élevés, formant petit à petit la communauté juive du Congo. Une communauté structurée avec ses synagogues, son rabbin, parlant le ladino et respectant les traditions, plus que la religion.
Lors de l’indépendance en 1960, une majorité des Juifs du Congo quittent le pays pour s’installer en Belgique. Santo Franco, qui vivait avec sa famille à Bujumbura au Burundi (rattaché au Congo), arrive à Bruxelles en 1957, un an après son frère, pour démarrer l’université. « Nous étions à l’époque les seuls Franco ici », se souvient-il. « Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine de familles à porter le même nom ! » Salomon Israël est de son côté retourné au Congo après ses études. Il y restera jusqu’en 1974. Les deux amis se retrouveront à Bruxelles, ils resteront associés dans les affaires pendant vingt ans…
A la fin des années 60, la synagogue séfarade de la rue du Pavillon à Schaerbeek est construite par le couple Simon et Lina Haïm, à proximité des familles juives établies à Bruxelles. La communauté séfarade s’organise autour de la synagogue où officiera pendant 46 ans le rabbin Shalom Benizri. Avant que d’autres synagogues n’apparaissent dans la capitale : la CISU (Congrégation israélite séfarade unifiée), rue Roosendael, sera fondée en 1992 par un groupe de bénévoles souhaitant renforcer l’identité juive des Séfarades résidant à Uccle-Forest, tandis que la synagogue Chaaré Tzion de la rue Boetendael, fondée par l’asbl « Sepharad 2000 » avec Maurice Tal comme cheville ouvrière, est l’une des dernières à avoir été reconnue par le Consistoire en 2007.
Le retour des jeunes ?
Aujourd’hui, avec quelque 360 familles, la communauté séfarade du Pavillon reste la plus grande communauté après la Régence et Beth Hillel, même si la synagogue a été vendue en août dernier. « Il a fallu nous rendre à l’évidence, elle était devenue trop loin de nos lieux d’habitation… », confie Salomon Israël. Raison pour laquelle un nouveau bâtiment, « Le Foyer », a été acheté à Uccle il y a quelques années, avec l’ambition de devenir la nouvelle synagogue séfarade. « Le Foyer vient tout juste d’obtenir l’autorisation de célébrer les offices religieux et devient donc officiellement la “Synagogue Simon et Lina Haïm” », nous annonce Miko Israël, président de la communauté pendant six ans. Mais la maison, avec une capacité de 120 personnes, semble déjà étroite pour accueillir tout le monde. Le dernier Kippour a d’ailleurs dû être célébré dans une salle extérieure.
Un nouveau projet semble sur la table pour revendre le Foyer et acquérir un bâtiment plus grand, mais il ne fait pas l’unanimité. « Les grandes figures qui ont fondé la communauté ne sont plus là », relève Miko Israël. Fidèle de la synagogue du Pavillon, Moïse Rahmani en faisait partie. Mémoire des Juifs de Rhodes et du Congo, auteur de nombreux livres sur le sujet, fondateur de l’Institut sépharade européen, rédacteur en chef de Los Muestros, et animateur avec Rivka Cohen de La Voix sépharade sur Radio Judaïca, il était l’un des plus actifs de sa communauté dont il tenait à transmettre l’histoire et la culture.
Beaucoup comptent toutefois sur l’engouement lié à l’arrivée du nouveau rabbin, Yoni Krief, pour maintenir la récente augmentation du nombre de membres. Ce Français d’origine tunisienne, âgé de 38 ans et père de 5 enfants, officiait à Nantes avant de venir à Bruxelles. « Ouvert au dialogue, il a plein de projets, notamment un shabbat réservé aux jeunes, qui peuvent permettre d’assurer la relève », espère Miko Israël. « Nous assistons à un retour des plus jeunes, comme s’ils avaient besoin de se raccrocher à leur identité. Nous rêvons d’ouvrir un grand centre qui réunirait la salle des fêtes, la synagogue, les cours de bar-mitzva, les bureaux, la bibliothèque… mais l’engouement actuel se poursuivra-t-il ? Le challenge est énorme, et les Juifs de Kippour ne suffiront pas… ».
Pour ce qui est du faible investissement des femmes dans la communauté, la responsable des fêtes au Foyer Romy Souery, également administratrice, se veut lucide : « Chez les Séfarades, on trouve plutôt des “épouses de”. J’ai été très longtemps la seule femme du conseil d’administration ! L’investissement bénévole est pourtant nécessaire pour faire vivre une communauté et complémentaire de l’investissement financier » affirme-t-elle.
Un socle commun malgré les différences
Les Juifs du Maroc ont certes connu jusqu’au début du 20e siècle le statut peu enviable de dhimmi qui permettait de mieux les contrôler, mais ils n’ont jamais été victimes de pogroms et de massacres dans leurs pays d’origine. « Faisant partie d’une communauté pétrie par la religion, avec le retour à Sion comme idéal du peuple juif, beaucoup de Juifs ont quitté le Maroc pour rejoindre Israël et réaliser un rêve millénaire », souligne le rabbin Guigui lorsqu’on lui parle de l’exode des Juifs du monde arabe (lire notre encadré). Les autres regagneront la France, le Canada, les Etats-Unis ou l’Amérique latine.
Grâce à la pratique de l’arabe qu’ils partagent, les Juifs du Maghreb et les musulmans de Belgique se sont également rapprochés, pour tenter de briser les barrières entre leurs communautés, dans un climat de confiance. Maurice Tal célèbre ainsi chaque année après Pessah la Mimouna, lors de laquelle la communauté musulmane apporte symboliquement le hamets (pain) à la communauté juive, rappelant la bonne cohabitation entre les deux communautés au Maroc. Le Grand rabbin est lui régulièrement invité aux débats scolaires proposés après la pièce Djihad d’Ismaël Saïdi. Sans oublier les commémorations post-attentats organisées avec l’Exécutif musulman.
Les Juifs du Maroc et les Juifs de Rhodes ou du Congo ont certes gardé l’influence de leur environnement de l’époque et se différencient dans la pratique des traditions, la liturgie, la cuisine, ils n’en conservent pas moins un socle commun. « C’est toute la richesse du judaïsme que de ne pas vouloir gommer ces différences », conclut le rabbin Guigui, « de les laisser s’épanouir, tout en restant liées à des valeurs communes ».
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Par NEUJEAN - 15/11/2016 - 11:52
je ne suis pas juive de naissance mais j'ai toujours eu que des patrons (bons !!!!) qui étaient la plupart Séfarades comme Tarica, Bénatar, , je ne les ai pas vu dans vos listes de juifs Séfardes à Bxl et qui ont bien sur tous vécus au Congo.....alors je ne comprends pas !!!!!!
Par geraldine - 15/11/2016 - 11:59
Madame Neujean, les quelques noms mentionnés ne prétendent en aucun cas constituer la liste exhaustive des Séfarades de Bruxelles, fort heureusement, ils permettent juste de donner quelques exemples.Bien à vousGéraldine Kamps
Par Amaraggi - 17/11/2016 - 13:48
Bonjour , il y a aussi les séfarades de Salonique dont mes parents faisaient partie , ayant émigré en Belgique après la seconde guerre mondiale .
La communauté de Salonique n'était pas négligeable. Ma maman , aujourd'hui centenaire en est le témoin ( encore vivant ) elle parle le ladino et le grec , la dernière des quatre filles du docteur Moise Matalon , bien connu à Salonique. Je tenais simplement à le rappeler.
Par maurice amaraggi - 19/11/2016 - 9:13
J'ai le souvenir dans mon enfance d'autres noms aussi entendus. Les Naahum, les Benezra, les Tarica, Scialom, Saltiel, Recanati, Allatini, la plupart ayant fui les guerres balkaniques ou alors, comme Nahum (le grand oncle d'Edgar Morin) arrivé en Belgique du fait de leurs activités. Nahum représentait les aciers belges et fournissait notamment les rails de l'Orient Express. L'émigration rhodiote vers le Congo a sauvé celle-ci de la déportation. Les séfarades moyen-orientaux qui avaient gardé l'usage du judzmo, ont disparus pour la plupart.
Par Anissa Diraa - 4/12/2016 - 13:50
Vous avez oublié les Timsit ;)
Par Richard BENRUBI - 9/12/2016 - 14:37
Madame,
Fidèle lecteur de la revue « Regards » depuis de nombreuses années, j’ai été très intéressé par l’article consacré aux Sépharades de Bruxelles, paru sous votre plume dans la revue de novembre dernier.
Né à Mons en 1946, je suis issu d’une famille juive de Salonique dont les premiers membres sont arrivés en Belgique - à Mons - en 1911.
La lecture de votre article et de l’encadré qui lui fait suite m’a très fort interpellé. En effet, il n’est fait référence qu’à l’immigration relativement récente des Juifs du Maghreb et à celle, intervenue à la suite de l’indépendance congolaise, des Juifs de Rhodes, implantés jusqu’alors dans notre ancienne colonie.
C’est faire fi, me semble-t-il de ce qui à constitué durant des décennies l’essentiel de la communauté sépharade de Bruxelles et même de Belgique, à savoir les Juifs originaires de Grèce et de Turquie, d’où provenaient d’ailleurs Simon et Lina Haïm, principaux donateurs de la synagogue de la rue du Pavillon.
Il est important de se souvenir de ces familles - je pense aux Ariel, Angel, Nathan, Matalon, Sarfati et bien d’autres encore - dont une grande partie disparut dans la tourmente.
Dans votre encadré, vous évoquez le sort des 1800 Juifs de Rhodes, déportés et exterminés peu de temps avant la libération. Pas un mot des dizaines de milliers de Juifs grecs – 40.000 rien qu’à Salonique, dont toute la famille de ma mère – qui subirent le même sort.
On considère trop souvent et à tort que les Sépharades ont échappé à l’Holocauste. Il a fallu le combat incessant de Haïm Vidal Sephiha pour qu’une stèle en judéo-espagnol soit installée à Auschwitz.
C’est dans le seul but de sortir de l’oubli l’existence de cette importante communauté et d’honorer la mémoire de ses membres disparus que je m’autorise à vous interpeller.
En vous priant de croire en l'assurance de mes sentiments les meilleurs.
Par David Van Cauwenberg - 27/06/2018 - 14:51
Bonjour à tous!
Désolé mais je viens vous embêter un peu d'un sujet qui n'a pas de lien direct: connaissez-vous une adresse où suivre des cours de hébreux séfarade? (Malgré mon nom de famille belge) Ma mère était une espagnole séfarade et je n'en parlais pas un mot avant qu'elle me quitte.
Merci bcp...
David
Par René - 27/06/2018 - 16:21
Jamais entendu parlé de Mr Miko Israël.
D'où sort cette personne dont vous affirmez qu'il a présidé aux destinées de la synagogue sépharade et pourquoi donner la parole à ce monsieur et non pas à l'actuel président.
Je vous trouve peu respectueux des hiérachies.
Ceci dit merci pour votre article qui m'a appris beaucoup de choses et que je ne lis qu'aujourd'hui
Par Joseph - 16/07/2018 - 21:04
Bonjour
Moi non plus je n'ai pas entendu parler de Mr Miko Israël dont vous faites mention dans l'article.
Quand a-t-il présidé aux destinées de la synagogue ?
Il était pour le moins un président silencieux puisque je ne suis pas le seul à ne pas savoir qui il est.
Merci de préciser quel a été son apport pour notre communauté.
La seule chose que je sais c'est qu'il fait partie du CCOJB, ce dont De Gaulle aurait dit que c'est un grand machin.
Joseph dit Yankele
Par Joseph Mallel - 19/07/2018 - 23:34
Toujour interese de lire sur Rhodes
Mci
Par BRAHIM BETRANE - 13/08/2019 - 6:36
BONJOUR A MONSIEUR LE GRAND RABBIN ALBERT GUIGUI VOILA JE SUIS BELGE D.ORIGINE MAROCAINE AGEE DE 67 ANS NE A RABAT ET GRANDIT A SALE JE SUIS RETRAITE ET HANDICAPE J.AI GRANDI AU MELLAH DE SALE ET TOUTE MON ENFANCE ETAIT AVEC MES AMIS JUIFS ON A GRANDIT ENSEMBLE JUSQUA LEUR DEPART POUR ISRAEL .COMME JE PENSE RENTRER AU MAROC JE VOUS DEMANDE DE M.AIDER A FAIRE UN VOYAGE EN POLOGNE VOIR OU LES CENTRES DE CONCENTRATIONS ET POUVOIR RACONTER CES MASSACRES VOYAGE EN BUS ET NUITEES A L.HOTEL 4JOURS SI POSSIBLE .MERCI 0475509963